L'Homme à la Casquette
Avec mon allure lente, ma tête tombante, mes épaules comme voûtées traduisant le chagrin passé, je vais…
Mes vêtements sont sombres, pas très propres mais pas vraiment sales non plus, ils sont devenus trop grands, ça c’est sûr.
Le destin m’a abandonné dans la solitude, ou c’est moi qui ai renoncé à tout, je ne sais plus.
Vous ne voyez en moi qu’un fantôme mais j’ai une âme et je suis sensible.
J’ai eu un père, une mère, des amis, une épouse, des enfants. J’ai eu des livres, un foyer, un travail, une vie bien comme il faut.
Votre pas pressé m’amuse, je vous vois courir après des rêves éphémères parce que souvent bien futiles, je vous vois faire semblant.
Votre indifférence me plaît, elle m’évite de me confronter à vous.
Votre arrogance m’amuse autant qu’elle me tue. Mais la mort n’est rien.
Quel que soit mon habit, l’endroit où je dors, quel que soit ce que je suis devenu, je sens au fond de moi une valeur indestructible que personne ne pourra m’ôter, même pas vous qui n’êtes plus qu’une masse.
Vous croyez être uniques, vous êtes tellement semblables…
La contemplation me nourrit, et je contemple et je contemple…
La mort ne m’attend pas, mourir m’importe peu, vivre non plus d’ailleurs.
...Un soir dans Paris j’ai vu l’homme à la casquette de dos...